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Page:La Nouvelle Revue, volume 102 (septembre-octobre 1896).djvu/74

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royale et l’Illusion. Encore un coup nous réservons le Menteur, venu après ses grandes tragédies, œuvre isolée, et que nous étudierons pour conclure.

V

Lorsque le maître a écrit en 1660 les examens de ses premiers ouvrages, il a été très rude et, à bon droit, pour les canevas qui l’avaient séduit alors. Il avoue franchement ne plus comprendre comment les spectateurs ont admis tel ou tel épisode ou tel ou tel dénouement. Non pas qu’il fût, en général, un fort bon juge de son travail, mais quelle que fût sa complaisance paternelle, il ne pouvait plus se méprendre sur les invraisemblances, sur les complications puériles ou monotones que sa verve brillante avait prétendu dissimuler. La postérité ne saurait qu’être de son avis ; ces inventions débiles se fixent à peine dans la mémoire, tant elles sont insignifiantes, embrouillées et manquent de valeur scénique.

Mélite est une histoire de fausses lettres qui font croire à l’amoureux Tircis que sa maîtresse en aime un autre, et, à cet autre, qu’il est aimé. Cette malice enfantine, combinée et présentée de la façon la plus rudimentaire, ne peut un instant émouvoir personne ; l’action traîne pendant cinq actes sur cette naïve erreur, pour en arriver, après d’interminables dialogues et monologues, à la folie furieuse du traître qui révèle à grand renfort de visions mythologiques un secret absolument éventé, puis enfin au mariage de tous les personnages à travers une broussaille de sentiments confus. L’imbroglio de Clitandre est bien plus ténébreux encore ; il tient à la fois du mélodrame et de la comédie. Dans un pays quelconque, à la cour d’un roi de fantaisie, le perfide Pymante, jaloux de Rosidor, essaye de l’assassiner, et le vertueux Clitandre est soupçonné de la trame. Ici s’enchevêtrent des péripéties qu’on ne saurait comprendre qu’avec un commentaire, eL qui aboutissent cependant au triomphe de l’innocent et au châtiment du criminel. C’est une pièce à tableaux et travestissements, l’ébauche d’un genre dont on a depuis usé et abusé avec une habileté matérielle tout à fait inconnue au temps de Corneille. Avec la Veuve il revient à la