comédie romanesque. Philinte aime Clarice, qui le paye de retour ; mais le jaloux Alcidor fait enlever la belle par son ami Gélidan. Celui-ci, pris d’honnêtes remords, rend heureusement la liberté à la captive qui convole avec son amant. Si faible et mal menée que soit cette aventure, encore y a-t-il là un semblant d’intrigue ; mais dans la Galerie du palais, je ne vois plus qu’une série de quiproquos injustifiés et de scènes oiseuses. Célidée, pour éprouver son amoureux Lysandre, simule une subite indifférence, et celui-ci, piqué au jeu, feint à son tour d’être volage : de là des querelles en l’air, et un dénouement qui laisse froid, tant il est prévu. La Suivante est un peu mieux construite. II y a là une demoiselle de compagnie, instruite, jolie et rusée, qui anime quelque peu la pièce par des fourberies assez ingénieuses. C’est un élément de comédie ; mais il faut ajouter que ce rôle, incomplètement tracé, n’est pas le nœud de l’ouvrage ; tout pivote, en réalité, sur le langage ambigu d’un père qui, ne nommant jamais les gens par leur nom, fait croire à sa fille qu’il lui accorde son amant quand il le lui refuse et qu’il l’écarte quand il le lui donne, et tout se passe ainsi en équivoques. On comprend à la rigueur une scène sur ce sujet-là, mais non pas une pièce et, malgré quelques épisodes agréables, l’action est nulle dans ce cadre vide. Toutefois, un progrès réel se fait sentir ici chez le poète ; les rôles se dessinent mieux, le style est plus rapide, les scènes sont conduites avec plus d’art parmi les ruses de la suivante, les périphrases du père et les déconvenues des amoureux.
L’expérience du théâtre est encore plus sensible dans la Place royale. Le fond de l’idée est même assez original et l’on voit poindre une tendance à l’étude du cœur humain. Le scénario est toujours très faible ; l’auteur en revient à un enlèvement manqué comme celui de la Veuve, et, comme dans Mélite, aux mariages indifférents des personnages accessoires. L’héroïne, il est vrai, entre au couvent ; mais le dénouement n’en est ainsi que plus à la glace. En revanche, le caractère d’Alidor, l’homme blasé et capricieux qui s’ennuie d’être trop aimé et prétend, à tout prix, recouvrer son indépendance, est esquissé avec un certain souci de la psychologie, et le rôle de Phyllis, la coquette accessible à tous les galants et n’aimant en réalité personne, est d’un bout à l’autre d’un coloris léger et brillant.
Nous voici venus à l’Illusion, le septième et dernier ouvrage