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Page:La Nouvelle Revue, volume 102 (septembre-octobre 1896).djvu/88

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bonheur de la finir et de la justifier par un dénouement victorieux. La tragédie ne devait pas réserver à sa vieillesse la même conclusion : il est vrai qu’elle l’avait comblé de tant de faveurs qu’il ne pouvait pas se plaindre de ses dernières infidélités. La comédie, au contraire, sans lui tenir tout à fait rigueur, ne l’avait que bien peu payé de sa peine et récompensé des assiduités persévérantes de sa jeunesse ; après avoir durant toute sa première période tout fait pour lui préparer les voies et lui assurer un vaste avenir, il n’avait que çà et là, dans Mélite, la Veuve, la Suivante, l’Illusion, recueilli quelque fruit de son travail : il était resté le créancier de sa muse. Il fallait, pour être juste, qu’elle lui devînt, ne fût-ce que pour un instant, plus clémente, et le dédommageât de ses efforts par une brillante libéralité. Elle lui a donc inspiré le Menteur, avant de prendre congé de lui, et l’on peut dire qu’elle a été en ceci aussi habile que généreuse : en même temps qu’elle se révélait à la France, elle acquittait sa dette envers le grand Corneille.

Comte Charles de MOÜY.