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Page:La Nouvelle Revue, volume 2 (janvier-février 1880).djvu/698

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formes imaginables, rien de cela ne saurait lui faire trouver grâce aux yeux de l’extrême gauche, s’il ne prenait, contrairement d’ailleurs au sentiment de la majorité républicaine dans la Chambre, sentiment manifesté à diverses reprises de la façon la plus nette, l’initiative d’une proposition d’amnistie plénière. Cette proposition, si le ministère en prenait la responsabilité, aurait pour effet de le mettre en minorité dans le Sénat et peut-être à la Chambre.

À quoi bon alors soulever un débat, dont le résultat est connu d’avance ?

Aussi les amis mêmes de M. Louis Blanc, ceux qui sont avec lui partisans de l’amnistie, ont-ils cherché à lui faire ajourner le dépôt de sa proposition. Peine inutile, les raisons d’opportunité n’étant pas de celles qui ont une influence décisive sur l’esprit du célèbre vétéran de la démocratie socialiste. M. Louis Blanc a persisté dans sa résolution et, bon gré, mal gré, les députés engagés dans la question de l’amnistie ont dû le suivre. La proposition a ainsi recueilli cinquante signatures. Ce chiffre modeste dit assez le sort qui lui est réservé. Parmi les signataires figure un membre du centre gauche, M. de Gasté. Cela ne tire pas à conséquence et n’engage pas le groupe. La Chambre a voté l’urgence sur la proposition, ce qui indique son intention d’en finir au plus tôt avec une question qui, en somme, malgré le bruit qu’on fait alentour, n’intéresse que médiocrement le pays et la Chambre.

Je reprends le fil des évènements. Dès le lendemain de la déclaration, a commencé une des plus incohérentes et des plus stériles agitations parlementaires dont la Chambre actuelle, si méritante sous beaucoup de rapports, mais parfois si inexpérimentée, et si dominée par les compétitions personnelles, nous ait donné le spectacle.

Au fond, le motif qui a donné naissance aces agitations, à ces pourparlers de groupe à groupe, à ces délibérations, à ces remuements des diverses fractions de la gauche, dont on a occupé le public pendant toute une semaine, était excellent. On voulait constituer," par la fusion de la gauche républicaine et de l’Union républicaine, une compacte majorité de gouvernement