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chronique politique

résolue à appuyer le nouveau cabinet. Assurément l’intention était louable, mais on pouvait aisément prévoir que le groupe de l’Union, dont quelques membres se rapprochent plus de l’extrême gauche que de la gauche modérée, ne consentirait pas à s’absorber dans la gauche républicaine. Et d’ailleurs, ce n’est point par des résolutions collectives, par des fusions opérées sans qu’on se soit même entendu sur la ligne politique à suivre, sur les principales questions à l’ordre du jour, que se constituent les majorités ministérielles. Ces majorités se forment sous l’impulsion et la direction du gouvernement. Constituer une majorité ministérielle en dehors de l’action et de la direction de ceux qui en sont les chefs naturels, c’est-à-dire des ministres, est une conception qui n’a rien de parlementaire et qui par cela même est condamnée à ne jamais aboutir. C’est ce qui est advenu.

Tous les efforts faits pour arriver à l’organisation d’une majorité destinée à s’imposer au ministère, à le traîner à sa remorque plutôt qu’à être dirigée par lui, ont échoué. D’abord le groupe de l’Union a refusé de fusionner avec la gauche républicaine et, à la proposition qui lui avait été faite à ce sujet, il a répondu par une contre-proposition : celle de constituer une réunion plénière des gauches. C’est ici, il faut l’avouer, que se montre chez certains députés une faible entente du régime parlementaire et des conditions normales de son fonctionnement. On comprend une réunion plénière de tous les groupes qu’unit une pensée ment ; il faut bien alors se placer en dehors de ce gouvernement pour le combattre ; il faut grouper et discipliner toutes les forces. Mais lorsqu’il s’agit au contraire de former une appuyer un cabinet, n’est-ce pas aller contre le but qu’on se propose que de se mettre à l’écart de ce cabinet, de se soustraire à son action, à son influence, de prendre en dehors de lui des telles conditions, aucun ministère ne pourrait espérer de durer huit jours.

Une réunion plénière des gauches, ce serait la crise ministérielle en permanence. M. Floquet, bien que signataire de la proposition de réunion plénière, l’a compris et déclaré. « J’ai