Page:La Nouvelle Revue, volume 2 (janvier-février 1880).djvu/703

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
705
chronique politique

dans sa voiture et a regagné son domicile sans que personne fit attention à lui. Le prince Jérôme a, on le sait, de sérieuses raisons pour éviter les manifestations tapageuses. Il ne veut pas s’exposer à être expulsé. Il s’est donc prudemment esquivé, tandis que M. Paul de Gassagnac, qui ne craint pas qu’on expulse le prétendant, et qui même le désire, sortait triomphalement par la grande porte et regagnait son logis escorté par une foule enthousiaste, — 150 à 200 personnes, — qui criaient : Vive Cassagnac ! Deux jours après une histoire du même genre se passe à Saint-Philippe du Roule. Seulement, là, M. de Gassagnac étant absent, c’est M. Jules Amigues, ou plutôt son fils, qui est suivi et acclamé.

Le journal officiel du prétendant, l’Ordre, publie alors une petite note assez aigre pour les manifestants et dan’s laquëlle MM. de Gassagnac et Amigues, très clairement désignés quoique n’étant pas nommés, sont traités « d’individualités sans autorité ». Sur ce, M. de Cassagnac, qui n’est pas endurant, fond sur l’Ordre, sur ses rédacteurs, sur son directeur, M. Pascal, le fameux Pascal de la circulaire, sur tous les familiers du prince Napoléon, et il les traite comme les derniers des misérables. Ah ! leur crie-t-il dans le Pays, je suis une individualité sans autorité ; eh bien ! je vais vous dire, moi, ce que vous êtes : vous êtes des domestiques, des mendiants, des « insectes sous-cutanés ». Cependant, dans sa colère, M. de Gassagnac épargne encore lé prince : Je ne veux pas croire, dit-il, que la note ait été publiée avec son approbation. Hélas ! au moment même où le Pays manifestait cette espérance, l’Ordre déclarait formellement que la note émanait du prince ou que du moins elle avait’eu son entière approbation. La memei déclaration était faite à la même heure par une autre feuille bonapartiste. Il n’était pas possible de*douter : c’était bien le prétendant qui avait désavoué l’attitude compromettante du député de Condom. Celui-ci s’est alors retourné contre le prince et lui a dit vertement son fait. Il l’a traité de prétendant sans courage et sans dignité ; il lui a reproché de mendier un permis de séjour et de ne savoir que « lécher les savates de la République ». M. Jules Amigues, avec un peu plus de retenue dans les termes, en a dit à peu près autant. Voilà