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quel est, pour l’heure, le touchant accord qui règne entre les bonapartistes. Cela valait d’être noté, au moment où l’union conservatrice tend à se reformer sous la direction du comité sénatorial des douze.

Revenons aux affaires sérieuses : la Chambre, après avoir voté, dans les premiers jours de la session,, la suppression de l’aumônerie militaire et la loi sur les écoles des filles, a abordé l’importante discussion sur le droit de réunion. Deux projets se trouvaient en présence : celui du gouvernement et celui de la commission. Ils ne se différenciaient l’un de l’autre, dans la généralité des articles, que par quelques détails de rédaction, sauf, toutefois, pour les articles 4 et 10 où le dissentiment portait sur des points essentiels. Ainsi, par l’article 10, le gouvernement se réservait la faculté de dissoudre les réunions en cas de troubles imminents, faculté que la commission ne voulait point concéder. Dans l’article 4, il exigeait que les organisateurs d’une réunion fussent tenus de préciser le sujet qui y serait traité. Cette disposition avait sa gravité, puisqu’elle permettait à l’autorité de dissoudre toute réunion dans laquelle les orateurs traiteraient de matières autres que celles indiquées par la déclaration. Aussi la commission ne l’avait-elle point admise. En outre, sur l’article 7, qui prononçait l’interdiction des réunions publiques aurait pas accord entre la Chambre et le gouvernement, bien que l’article eût été accepté par la commission. C’est dans ces conditions que le débat s’est ouvert, débat d’un très grand intérêt, car, en dehors même de la question si importante du droit de réunion, il y avait à savoir si le gouvernement pouvait compter tagerait pas absolument sa manière de voir.

L’évènement a prouvé que cette majorité, sachant faire le sacrifice de ses vues à la nécessité de ne pas faire échec au ministère qu’elle appuie, n’existe point à la Chambre. Sur l’article 4, une majorité de 302 voix contre 162 s’est prononcée, malgré l’énergique résistance du ministère de l’intérieur, pour la commission contre le gouvernement. Mais ce qu’il y a de particulièrement remarquable c’est que cette majorité a été formée