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Page:La Nouvelle Revue - 1898 - tome 114.djvu/322

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pareil défaut ne vienne plus ; je ne l’ai pas pris pour tel ; qu’il retourne à la djevoïka abandonnée, et moi à qui Dieu me donnera.

— Tu rendras les cadeaux, je pense ?

— Mon garçon, emporte-les ; j’attendais que tu les vinsses chercher plus tôt.

Niko remporta ses cadeaux sans grand chagrin ; il pensait qu’il bâtirait d’abord sa maison et qu’il trouverait ensuite aisément une autre djevoïka.

Mato prépara les siens pour l’heure du couchant. C’étaient un cochon de lait, du café, du sucre et du savon pour le ménage de sa fiancée. Selon la coutume, un de ses voisins les porta en solennité sur sa mule. Une heure après, il frappait en personne à la porte des Gjukan, accompagné de son père, de son parrain et de son frère d’armes. Yele se laissa ceindre par lui un singjir[1], qui pendait à une longue chaine. Elle était grave et pourtant rayonnante, montrant à son fiancé plus de réserve qu’au champ des mûres — peut-être parce qu’elle sentait que leur bonheur ne courait plus aucun danger.


Christiane SOLVEJGS.

  1. Couteau d’argent ciselé.