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Page:La Nouvelle Revue - 1898 - tome 114.djvu/323

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L'EXODE DES DIEUX

De tous les monuments que nous a légués la civilisation phara- onique, le temple de Louxor est, non seulement, l'un des plus intéressants au point de vue de l'histoire de l'art égyptien, mais encore l'un des plus curieux par la variété des scènes sculptées qui ornent ses parois. Dans la partie méridionale, construite et décorée par le fonda- teur de l'édifice, Amenhotep III, la salle du songe nous fait assister à divers épisodes de la naissance de ce pharaon, sujets mystérieux où l'on a cru reconnaitre l'origine de la légende d'Amphytrion; la cour de Ramsés II, située à l'extrémité nord, nous montre une évolution nouvelle de l'art de la vallée du Nil. Entre ces points extrêmes, s'élève une magnifique galerie de 14 colonnes, à chapiteaux campaniformes, supportant jadis une voûte aujourd'hui disparue. Cette galerie qui a 50 mètres de long sur 20 de large et autant de hauteur, est fort belle et d'un grand effet monumental. Le long de ses parois, se développent en sculptures de la xvine dynastie, les différentes phases de la fête du renouvellement de l'année où les barques des Dieux, promenées processionnellement sur le Nil, sont conduites dans Ap (1). Le pharaon Hor-em-heb (2) et sa com- pagne la reine Nedjem-Mout (3), escortés des hauts dignitaires, assistent en personnes à cette solennité. C'est de ces bas-reliefs que je vais entretenir le lecteur. Mais avant, il est bon de rappeler que l'art égyptien, ayant des moyens très limités, doit être plutôt considéré comme une écriture un ensemble de formules, toujours les mêmes, disposées suivant un usage constant, dans le but de fixer une idée, de perpétuer le souvenir d'une action quelconque. La méthode appliquée à l'étude de l'art grec, dont les ressources sont infinies, ne saurait donc, d'une manière absolue, être em- (1) Aujourd'hui Louxor. (2) Litt. Horus en Fête, dernier roi de la xvm dynastie. (3) Agréable à Mout.