vie champêtre, avoit dégoûtée du grand
monde. Je n’ajouterai rien à la bonté de
ſon caractere : je ſuis trop convaincue de
l’inſuffiſance de ma plume, pour entreprendre
ſon éloge. Qu’il me ſuffiſe ſeulement
d’avancer, que les illuſions de l’amour-propre
& de la vanité, ne répandirent jamais
dans ſon ame leur funeſte poiſon ; qu’étant
formée, dès ſon bas âge, à l’école de la
vertu, elle ne s’étoit rendue recommandable
que par l’auſtérité de ſes mœurs. Je
dois même avouer, à ma honte, que ſon
eſprit ſouple & doux, ſes manieres civiles
& humaines, n’euſſent pas peu contribué à
polir mon éducation, ſi, moins eſclave des
plaiſirs, je me fuſſe montrée moins avide
de leur ſenſualité.
Quoique ma tante fût encore dans la ſaiſon de plaire, & qu’on ne pût la regarder ſans ſentir des deſirs, elle aima mieux, cependant, couler en paix ſes jours dans ſon