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LA NOUVELLE REVUE

la flore et de la faune antédiluviennes, le Sahara, primitivement sous les flots, fut transformé en désert, les eaux, en se retirant, y ayant laissé leurs sédiments de sable.

La disparition de l’Atlantide fut, selon toute vraisemblance, — et M. Donnelly le démontre scientifiquement — contemporaine de ce grand déluge mentionné dans les monuments de tous les peuples. Ce continent s’enfonça dans l’océan et les eaux qui le recouvrirent totalement l’ensevelirent dans l’oubli.

III

Ces convulsions de la nature sont-elles possibles dans ces conditions ? Est-il théoriquement admissible que les désastres produits par ces révoltes géologiques, — nous disons révoltes autant que révolutions, — aient eu de tels résultats ? En d’autres termes, y a-t-il des preuves évidentes et répétées de faits semblables ? Les anciens, peu instruits en géologie, ne le croyaient pas. Et c’est leur ignorance qui enfanta leurs doutes. Presque tous ceux qui commentèrent Platon nient ce qu’il raconte de la catastrophe de l’Atlantide. Or, les études scientifiques actuelles démontrent que les deux derniers siècles ont vu de nombreux phénomènes analogues.

En 1783, l’Islande fut dévastée par des catastrophes géologiques plus terribles que toutes celles qu’on avait connues auparavant ; un volcan sous-marin, à dix lieues de l’île, fit éruption et projeta tant de scories que la mer en fut couverte sur une étendue de 50 lieues et que les navires mouillés dans ces parages subirent des dégâts considérables. Un mois après, une éruption volcanique eut lieu dans l’île même. On vit sortir des flots une nouvelle île qui reçut le nom de Nyœ, et dont le gouvernement danois prit officiellement possession. L’île Nyœ ne fut heureusement pas peuplée. On se défia de sa naissance si soudaine, et l’événement justifia les soupçons : un an après, elle sombra tout entière dans l’océan. Il n’en resta plus que des récifs à trente brasses de profondeur. Ce tremblement de terre et les éruptions de l’Hékla détruisirent près d’un cinquième de la population de l’Islande ; il y eut 9 000 victimes sur 50 000 habitants ; 20 villages furent engloutis et d’autres détruits par le feu. La masse de lave projetée dépassa les dimensions du Mont-Blanc.

Le 18 octobre 1822, un tremblement de terre bouleversa l’île de Java, près de la montagne de Galung-Gung. On entendit une violente explosion, le sol oscilla ; d’immenses colonnes d’eau et de boue bouillantes, mêlées de cendres et de lapilli dont plusieurs