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LA MARTINIQUE ET L’ATLANTIDE

strates de roches sédimentaires, sables, gravier et boue, représentent une épaisseur de plus de 15 000 mètres, ne peut provenir que des débris de continents préexistants sur lesquels ont agi les agents érosifs, pluie, fleuves, courants et autres, les strates plus modernes étant de moindre étendue que celles qui subirent le travail de l’Océan. En sorte que l’on peut supposer que les terrains paléontologiques occupaient une surface plus grande que l’Amérique actuelle, surtout dans sa partie attaquée à l’ouest par le Pacifique et à l’est par l’Atlantique, comme il est facile de s’en rendre compte par l’examen des formations des Apalaches qui, dans les strates de Pensylvanie et de Virginie, ont de 25 000 à 30 000 pieds d’épaisseur, tandis que dans l’Illinois et le Missouri elles ne mesurent pas plus de 3 000 à 4 000 pieds, les dépôts rocheux de texture rude prédominant à l’est, pendant qu’à l’ouest les roches présentent un grain beaucoup plus fin.

Si nous considérons le travail géologique et surtout orographique et hydrographique qui s’est produit relativement au continent européen, nous reconnaissons que ce continent paléozoïque européen dut se prolonger à travers les latitudes boréales et arctiques jusqu’à l’Amérique septentrionale.

D’autre part, les terrains diluviens des Îles Britanniques formaient une masse rocheuse, arrachée du vaste continent qui constituait une chaîne ininterrompue de montagnes comprises entre Marseille et le Cap Nord, avec une largeur moyenne de 11 à 12 lieues et une hauteur moyenne de 5 000 à 5 500 mètres.

Aux époques antédiluviennes l’Europe et l’Amérique unies par cet enchaînement de vertèbres géologiques, qui était l’épine dorsale du monde ancien primaire, ne laissaient qu’un lit étroit à l’Atlantique ou même lui opposaient une langue de terre formant barrière. L’Océan, de connivence avec le feu intérieur de la terre, détermina, à la suite d’épouvantables secousses, cette dislocation dans laquelle s’effectuèrent des changements dont l’homme ne fut peut-être pas témoin et dont il a, en tout cas, perdu tout souvenir. Ces phénomènes, qui doivent avoir été soudains, furent caractérisés en même temps par des émergements sur certains points du globe et des dépressions sur d’autres points. Les Préadamites assistèrent peut-être à ces convulsions. Alors, selon toute probabilité, la Grande Bretagne, sauf l’emplacement qu’elle occupe maintenant, fut submergée entièrement et la terre s’y trouva recouverte d’au moins 600 pieds d’eau. Alors aussi, sans doute, la Sicile, qui s’enfonçait dans l’Océan, émergea à 1 000 mètres de hauteur. Alors également, si l’on en croit certains témoignages de