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LA MARTINIQUE ET L’ATLANTIDE

Darwin émettait, il y a près de 70 ans, l’opinion qu’il se forme au milieu de l’Atlantique une île ou un archipel dont il annonçait l’apparition à des dates plus ou moins éloignées. Et il ajoutait que ce ne serait pas la première fois qu’un foyer d’action volcanique aurait donné naissance à de semblables improvisations géologiques. On en a la preuve par les dépôts de coquillages de certaines îles, par les strates calcaires étudiées à San Iago, une des Açores. Et le même savant complétait son pronostic par cette pensée économique : « Ces îles nouvelles pourraient, aux siècles futurs, avoir une importance considérable si elles émergent entre Sainte-Hélène et l’Ascension ».

IV

Tout conduit donc à démontrer qu’en dépit des immunités isoclines ou isobares les disparitions soudaines des archipels et des îles sont des phénomènes naturels qui ont eu lieu dans le passé et qui peuvent se représenter à des dates plus ou moins proches. D’autre part tout tend à établir que ce que l’on appelle la vision de Platon est une réalité. On peut prévoir le moment où ce problème recevra définitivement une solution affirmative aussi complète que celle de tant d’autres questions controversées pendant des siècles d’insuffisance scientifique. Les fouilles faites à Troie par Schliemann et d’autres découvertes archéologiques, telle que celle toute récente du palais de Minos, prouvent aujourd’hui qu’il y a un grand fond de vérité dans les poèmes homériques. Les localités célébrées par l’Iliade et l’Odyssée existent réellement.

De même que les héros chantés par le grand rapsode grec vécurent vraiment, on peut dire que c’est la réalité qui inspira les deux maîtres modernes à qui l’on doit les grandes épopées de l’Atlantide : Népomucène Lemercier, notre Apollonius de Rhodes français, trop peu étudié et Verdaguer, dont la Catalogne pleure la perte irréparable.

Marcel DUMORET.