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L’ATLANTIDE ET LES CONTINENTS DISPARUS

de tous les engins spéciaux, imaginés par les océanographes, ont permis d’étudier ce qui se passe au plus profond des mers. On a ainsi reconnu que la nature des dépôts qui se forment actuellement par l’accumulation des débris animaux ou par les apports mécaniques et chimiques est tout à fait différente dans les mers profondes et dans les mers peu profondes.

D’autre part, l’examen détaillé des couches marines émergées a permis de reconnaître la structure même des dépôts de mers profondes et des dépôts littoraux, lagunaires, ou de mers à fond surélevé.

Les dépôts formés dans des mers peu profondes ou formations néritiques[1] ont généralement presque conservé leurs strates horizontales. De plus, le régime des mers peu profondes étant variable, les diverses couches sont peu épaisses, elles présentent souvent des interruptions, des lacunes comme on dit en Géologie, c’est-à-dire que certaines périodes géologiques n’y sont pas représentées. Aucun dépôt ne correspond à ces périodes qui, ailleurs, sont indiquées par des dépôts marins caractéristiques ; cela prouve que le fond de la mer s’était soulevé pendant ce temps et que, par suite, le terrain étant alors continental, on ne trouve aucune trace de sédiment, tout au moins de sédiment marin, car on peut, çà et là, observer des formations d’eau douce, par conséquent de nature continentale, reconnaissables à la nature des fossiles qu’elles renferment. Et, à propos d’animaux fossiles, on ne rencontre, dans ces sédiments de formations néritiques, que des traces ou coquilles d’animaux ou des empreintes de végétaux se rapportant à des espèces plus ou moins analogues, parfois identiques, à celles qui vivent actuellement soit sur les rivages, soit sur la terre ferme, soit dans les mers peu profondes.

Ces trois sortes de caractères géologiques : disposition des strates, épaisseur des couches successives, nature des fossiles, sont très différents lorsqu’on étudie les sédiments formés à de grandes profondeurs. Ces derniers constituent les formations bathyales[2]. Chez celles-ci, le régime de la production des dépôts est moins variable et l’on trouve sur une plus grande épaisseur des sédiments de même nature ; de plus, par des causes sur lesquelles les géologues ne sont pas d’accord, ces couches épaisses se sont généralement affaissées dans la région médiane, de ma-

  1. De νηριτης, coquillage, dépôts où les coquilles d’animaux marins sont souvent abondantes.
  2. De βαθύς, profond.