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LA NOUVELLE REVUE

Comment peut-on essayer de reconstituer la distribution des continents et des mers à une époque déterminée, pendant cette période crétacée par exemple ?

Les documents à consulter sont de trois natures différentes : d’ordre géologique, d’ordre zoologique et d’ordre botanique.

Que faut-il entendre par là ? Il est nécessaire de préciser.

L’étude géologique détaillée des terrains correspondant à l’époque crétacée ne peut se faire que sur les continents actuels ; comment connaître la composition des dépôts submergés qui sont à présent au fond des océans ?

Les fossiles, la nature des couches inférieures et des couches supérieures aux terrains dont nous parlons peuvent permettre de fixer l’âge de ces terrains et de trouver partout où ils existent les dépôts crétacés sur la terre ferme de maintenant. D’autre part, on connaît le relief des fonds sous-marins si l’on n’a qu’une faible idée de la nature des roches qui les constituent, et l’étude de ce relief sous-marin est par elle-même fort instructive, surtout si l’on combine ses résultats avec ceux que donne la géologie de nos continents.

L’inégalité dans les profondeurs des mers est plus considérable encore que l’inégalité du relief terrestre formé par les régions montagneuses. Près de la moitié de la surface des eaux se trouve au-dessus d’une profondeur de plus de 4 000 mètres et, dans certaines régions, sont situées des « fosses » énormes dont la profondeur dépasse 6 000 mètres, et peut atteindre 9 600 mètres. On cite de telles fosses sous-marines à l’est du Japon, au sud de Java, tout contre la côte occidentale de l’Amérique du Sud, ou encore à l’est des Antilles [1]. Plus rarement, la mer est très peu profonde. C’est ainsi que tout autour du détroit de Behring, à une grande distance au nord et au sud de ce détroit, et aussi dans une région marine étendue au nord de la Sibérie et de l’Amérique du Nord, la profondeur de la mer est toujours moindre que 200 mètres.

Les sondages n’ont pas révélé seulement ces différences de profondeur dans les mers actuelles. On ne pratique pas que des mesures de longueur entre la surface et le fond de la mer. De nombreuses expéditions scientifiques, faites par des navires munis

  1. On trouvera dans le remarquable Traité de Géologie de M. Haug, qui vient de paraître, une carte des diverses profondeurs des mers et une autre relative aux anciens continents de l’époque secondaire.