m’appelait déjà. Je mis mon chapeau et, troublée d’une appréhension confuse, je suivis le jeune homme vers le bois.
Tant que nous longeâmes les fermes basses, à portée des regards et des voix, Maxime garda le silence. Le soleil pénétrait mes légers vêtements et, par cette magnifique journée, orageuse et éclatante, je jouissais de me sentir baignée, baisée, brûlée dans les vibrations de la lumière et de la chaleur. Le chemin montait. À droite, la splendeur du blond paysage s’étendait jusqu’aux bouquets verdoyants de Galluis ; des houles couraient sur les moissons, sur le doux roulis écarlate d’innombrables coquelicots ; le vert délicat des peupliers s’argentait dans le ciel bleu de plomb où stagnaient de lourds et blancs nuages. À gauche, la dépression d’une étroite vallée charmait les yeux par les nuances plus fraîches des châtaigniers, des érables, des petits chênes. La ligne des saules indiquait l’invisible ru, au bas de la pente couronnée de pins d’un vert plus sombre. Maxime étendit la main.
— Regarde là-bas, Marianne. Te souviens-tu ?
— Oui. Tu m’aimais bien alors l
— Je n’ai pas changé, dit-il avec un sourire.
Le bois ouvrait ses allées solitaires tachetées d’ombre et de soleil. Au bord du sentier les bruyères érigeaient leurs brindilles minuscules où tremblaient des clochettes roses. Maxime me tenait par la main. Une forte odeur, encens agreste de la forêt, dilatait nos poumons et nos narines dans la joie de respirer. Les saines résines, les herbes au frigide parfum de menthe, les résédas sauvages et les églantiers simples exhalaient vers nous leur âme amoureuse. Des lapins furtifs débouchaient et parfois des merles, posés sur les branches basses, s’envolaient en sifflant avec un frisson bleuâtre sur leur dos noir. Quelques pas encore et nous entrâmes dans la profonde sablonnière éventrée pour l’exploitation, puis abandonnée, dans la région désolée des sables jaunes et rouges, des sables brûlants qui fuient sous les pieds, glissent en fines coulées sur la pente à pic et mettent dans la fraîche forêt des Piliers un coin d’Afrique farouche. De maigres bruyères se desséchaient çà et là et les pins, plus hauts, plus sombres, plus violemment aromatiques, étendaient leurs nobles parasols.
— Reposons-nous un peu ! dit Maxime.
Il me fit asseoir prés de lui, dans l’ombre ardente. La cha-