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LA FORMATION DES ÉTATS-UNIS.

Il y a d’abord le Massachusetts de fondation puritaine, englobant les modestes pêcheries du Maine et du New-Hampshire et ayant absorbé depuis peu la colonie de Plymouth, la première en date, celle que les « pèlerins » du May Flower fondèrent le 22 décembre 1620. Viennent ensuite Rhode-Island et le Connecticut, deux sécessions du Massachusetts. Le territoire de Rhode-Island a été donné par les Indiens à Roger Williams, ce jeune pasteur que les puritains chassèrent de chez eux, parce qu’il prêchait l’égalité des religions et leur déniait le droit de prescrire ou d’interdire telle ou telle forme de culte. Le Connecticut a été fondé par les habitants de Boston, qui trouvaient à redire au puritanisme de leurs concitoyens. La liberté de conscience pour tant n’y est point respectée. Non loin du Connecticut s’ouvre la baie merveilleuse où les Hollandais, depuis 1614, font, avec les Indiens, le commerce des pelleteries. Leur colonie de New Amsterdam vient de passer sous la domination anglaise et d’échanger son nom pour celui de New-York ; mais elle demeure très cosmopolite. On n’y parle, dit-on, pas moins de dix-huit langues. Les Hollandais y ont introduit des travailleurs allemands. D’autre part, les huguenots français s’y sont réfugiés ; ils dominent même, à un moment, par le nombre et la richesse. De l’autre côté de l’Hudson, dans le New-Jersey, de formation toute récente, des Écossais font souche, implantant les idées presbytériennes. C’est un pays de fermage. Le Delaware, au sud du New Jersey, était une colonie suédoise issue d’un projet grandiose de Gustave-Adolphe, qu’après la mort du monarque le chancelier Oxenstiern réalisa. Les Suédois du Delaware sont, il est vrai, tombés sous le joug hollandais, et maintenant que la Hollande se retire du nouveau monde, leur territoire dépend, en fait, des Pensylvaniens, leurs puissants voisins. La Pensylvanie touche au Maryland ; l’une et l’autre de ces colonies mentent à leur origine. William Penn, le quaker, ayant obtenu ces belles terres du roi Charles ii, en payement d’une créance, les avait offertes à ses frères persécutés. Il avait présidé à leur installation, leur donnant de belles lois et de bons conseils, puis s’en était retourné en Angleterre. Lorsqu’il est revenu, quinze ans plus tard, la prospérité de sa fondation n’a pu le consoler de l’échec subi par ses conceptions si génialement utopiques. Il achève à présent de mourir, dans sa première patrie, obscur et délaissé. Quant au Maryland, lord Baltimore l’avait acquis plus anciennement encore