LA
FORMATION DES ÉTATS-UNIS[1]
Deux grands événements marquent l’histoire religieuse des États-Unis : la fondation puritaine de 1620 et l’Assemblée de Chicago en 1893. Mais en dehors de ces deux circonstances, on s’accorde généralement pour n’attribuer à la religion qu’un rôle secondaire et effacé dans la formation de la République américaine. Celle-ci a, dit-on, résolu le problème ardu des rapports entre l’Église et l’État en établissant le principe de la séparation absolue ; sa constitution ne comporte point de culte officiel ; l’esprit de tolérance dicte à chaque citoyen sa conduite ; ainsi sont évitées les agitations, les rivalités passionnées, les tyranies qu’ont eu à subir d’autres temps et d’autres pays.
Tout cela n’est pas rigoureusement vrai. Nous avons vu comment les premières communautés puritaines engendrèrent le fanatisme et combien furent lentes à s’éliminer les haines du début. Le présent siècle était commencé lorsque les mesures persécutrices disparurent des textes législatifs dans plus d’un État de l’Est et ces mesures ne survécurent pas beaucoup à l’esprit qui les avait dictées[1]. D’autre part, l’étranger qui visite les États-Unis et veut pénétrer dans le détail de leur organisation est surpris de constater que la réalité ne répond guère à son attente. Seulement, à l’inverse de ce qui s’est souvent produit ailleurs, c’est ici l’indifférence qui est proclamée et la foi qui est le fait. En ce pays où l’élément civil et l’élément religieux sont indépendants l’un de l’autre, où le gouvernement fait profession d’ignorer le culte de