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Page:La Nouvelle revue française, année 26, tome 51, numéros 298 à 303, 1er juillet 1938.djvu/77

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TEMPLES GRECS
MAISONS DES DIEUX

VI
jeunesse de la lumière

Toute la grâce du jour dans la fleur du matin ! L’aube est divine au Temple de la Concorde. La pierre palpite. Poreuse, elle ne boit pas l’eau : ce ciel de saphir n’en recèle pas une goutte ; mais elle dévore la lumière et la garde passionnément. Ce miel d’or est sa nourriture. Par un calcul exquis, l’entre colonnes de la façade se fait plus étroit du centre aux angles. De la sorte, la respiration du temple est, à tout instant de la clarté, celle d’un torse. La déesse, qui baigne encore dans les sourires du sommeil (le sommeil des dieux n’est que le rêve des rêves), ouvre les yeux sur tout le pays, son domaine : la ville, la plaine, les moissons, le froment, la solitude, tout l’attend. Et les autres temples même. Et la mer, au plus loin, sont les langes de l’aube : la mer, le dernier degré qui porte la pensée dorique d’Agrigente.

Près de Castor et Pollux, les Gémeaux, deux colonnes, deux jumelles, tout ce qui reste d’un temple dédié, dit-on, à Vulcain. Elles s’élèvent mutilées sur un stylobate et cinq marches. Elles n’ont rien de plus rare ou de plus parfait que tant d’autres ; mais elles parlent de l’homme