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DE LA PÉROUSE.

1780. Août.j’étais de l’objet de l’expédition, la crainte de voir ma mission interrompue par la nécessité de quelque combat, furent pour moi la source de mille anxiétés : mais le gouverneur me représenta que cette commission me ferait d’autant plus d’honneur, que l’objet en était plus intéressant ; que si l’ennemi se mettait à ma recherche, ce qu’il ne manquerait pas de faire, la sagesse et l’activité de mes manœuvres seraient une preuve de mon intelligence, et qu’enfin le succès de ma commission serait un grand service que je rendrais à notre souverain. Ces expressions m’animèrent si puissamment, que je me tins singulièrement honoré de ce que le gouverneur eût jeté les yeux sur moi pour une expédition semblable, dans des circonstances aussi critiques. J’acceptai le commandement, et je mis à la voile le 2424. août, après avoir reçu du gouvernement un paquet cacheté, qui contenait les instructions et les ordres que je devais suivre, et le port où il m’était d’abord ordonné de me rendre. Je ne devais ouvrir ce paquet qu’à douze lieues de distance de Cavite.

Le 2525., me trouvant à la distance prescrite, j’ouvris le paquet. Il m’était enjoint de me rendre au port de Sisiran[1], où j’attendrais les derniers ordres du gouvernement, en me tenant toujours sur le qui-vive, prêt à repousser les attaques des ennemis, qui chercheraient sans doute à m’intercepter, s’ils venaient bloquer Manille.

  1. Sisiran est un port de la côte orientale de Luçon, presque directement opposé à Manille, n’étant que de 16 minutes plus austral que cette ville.