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Page:La Pérouse - Voyage de La Pérouse, Tome 1.djvu/337

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VOYAGE

1780.
Août.
Les vents mollirent, et devenus contraires, ils s’opposaient à mon débouquement entre les îles. Je me maintins en conséquence, louvoyant bord sur bord, faisant tout mon possible pour gagner au vent ; mais je ne pus vaincre le courant, qui me repoussait avec force, venant de la pointe d’Escarseo[1], qu’il me fut impossible de doubler. Je fus donc obligé de mouiller le 2929., à deux heures du matin, près de cette pointe, vis-à-vis le port de Galeras, par 25 brasses, fond de sable.

Le 3030., à trois heures et demie du matin, le vent tourna à l’Ouest ; mais il était si violent qu’il me fit chasser sur mes ancres. Je voulus mettre à la voile ; le courant ne le permit pas, il m’entraînait même vers le port. J’étais sur dix brasses de fond ; je laissai tomber une ancre, qui devint le jouet du courant et du vent qui fraîchissait de plus en plus, de sorte que je n’eus bientôt que cinq brasses d’eau. Je laissai tomber une seconde ancre ; et à l’aide de la grande ancre, que je jetai bien vite, je m’éloignai de la terre, dont je n’étais plus distant que d’environ une longueur de la frégate : et quoique je restasse toujours engagé sur la pointe d’Alagican, qui forme le port des Galères, je pus cependant me mettre à la voile ; mais ce fut en laissant une ancre, une grande ancre, deux câbles et un grand câble, engagés dans les roches[2]. À neuf heures du matin, je doublai la

  1. Cette pointe, le port des Galères, les îles Tiaco et Saint-Bernardin, sont situés dans le canal ou détroit qui sépare l’île Luçon des autres Philippines.
  2. J’abrège ici beaucoup, tant parce que le détail serait inutile et ennuyeux, que