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Page:La Phalange, tome 3, 1846.djvu/286

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Et féconde, aux chaleurs d’un éternel solstice.
L’harmonie et l’amour, la gloire et la justice !
Un fleuve au large cours, doux Léthé de douleurs,
Y chante sous l’azur les rayons et les fleurs,
Et parfois de ses eaux, à la terre altérée,
Le poète dispense une goutte sacrée !
Citer et beau paradis ! ô jeune et frais séjour !
Nid d’Eve et de Vénus, baigné d’un chaste jour !
Toi qui, sans t’épuiser, mesure avec largesse
À l’artiste l’amour, au vieillard la sagesse ;
Ah ! si l’enfant, bercé sur ton sein maternel,
Veut descendre avant l’âge au repos éternel ;
Le cœur chargé d’ennuis, las d’un songe sublime,
Avare, s’il emporte avec lui dans l’abîme,
Effaçant de ses pas la trace en tout endroit,
L’héritage de gloire auquel le monde a droit…
Ô mère ! qu’un volcan expiatoire gronde,
Et déchirant ton sein d’une flamme profonde,
Rende à l’humanité, de tout repos bannie,
Le souvenir du sage ou les chants du génie !

tantale.

Du pâle Lydien, ô race envenimée,
L’inextinguible soif ne t’a point consumée !
Soucieux héritier du tourment paternel,
Ô vulgaire maudit, es-tu donc éternel ?
Mille fois, vaste champ où tout germe et s’efface,
La terre inépuisable a remué sa face,
Du jour où rejeté d’un moule spacieux,
Le globe en fusion s’arrondit dans les deux.
Fleuves au large lit, les siècles que Dieu mène,
De la vie à la mort roulant la race humaine,
Tantôt câlines, tantôt par l’orage gonflés,
Chanteurs ou gémissants, limpides ou troublés,
Confondant leur rumeur, leur écume et leur lie,
Dorment dans l’Océan des choses qu’on oublie.
Bien des soleils ont lui dans le haut firmament,
Qui, d’un souffle céleste effacés brusquement,
Vieux et découronnés de royales lumières,