Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/122

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le ciel flamboyait d’éclairs si angoisseusement que je me croyais perdu ; mon cheval, saisi de terreur, s’était emporté et galopait comme si tous les diables d’enfer l’eussent harcelé. J’entendais derrière moi une trombe qui cassait les branches, arrachait les arbres, et qui semblait me suivre. Au milieu de cette tourmente je vis soudain, à vingt pas devant moi, une femme montée sur une mule. Elle allait le petit trot sans paraître se soucier des fureurs de la tempête. Au train de mon cheval, je pensais la rejoindre à l’instant, mais au bout de quelque temps je m’aperçus avec stupeur que la distance entre nous restait toujours la même. J’excitai encore mon cheval, au risque de me faire tuer ; mais sa ruée folle parvint tout juste à suivre le petit trot paisible de la mule. À la lueur des éclairs je m’acharnai à cette poursuite vertigineuse. Nous étions en une forêt, quand brusquement un grand château surgit devant nous. La voyageuse y entra, je m’y jetai après elle ; elle mit