Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/38

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tait que son père et tous ses oncles étant morts dans des combats, sa mère s’était enfuie avec lui au plus profond des forêts galloises, afin qu’il ne fût pas chevalier. L’enfant avait grandi là ; il connaissait le langage des oiseaux et des bêtes, et son épieu était aussi rapide que le regard. Mais un jour il avait vu sous les futaies passer des chevaliers d’Artus ; il les avait d’abord pris pour des anges, tant il les trouvait beaux ; puis, sautant à cru sur un cheval, avec son épieu, il les avait suivis, sans regarder derrière lui, car nul n’échappe à sa destinée. Et Perceval avait beau être devenu l’un des meilleurs chevaliers de la Table Ronde, il étonnait toujours la cour par sa naïveté autant que par ses exploits.

Mais aucun des chevaliers rassemblés n’attirait plus les regards et n’était plus fêté que Lancelot du Lac. C’est que depuis des années Lancelot était l’honneur de la cour d’Artus. Plus gracieux et plus hardi qu’aucun autre, il était partout reconnu