Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/39

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pour le meilleur chevalier du monde. Un mystère charmant s’attachait à sa personne. L’origine de sa race était si lointaine qu’on n’en connaissait plus que des fables ; il avait été élevé par les fées des eaux dans un palais d’enchantement, et son nom de Lancelot du Lac perpétuait le souvenir de cette poétique enfance. Dès qu’il avait paru à la cour d’Artus, la reine Guenièvre s’était sentie conquise par le beau héros. Un jour leurs regards se croisèrent, leurs mains s’étreignirent et l’invincible Amour les saisit tout éperdus. Et les années passèrent, sans que le charme fatal se rompit. Leur noblesse d’âme même les aveuglait. Car Lancelot puisait dans son bel amour un désir sans fin de prouesse et de gloire : d’autant plus aimé qu’il paraissait plus grand. Plusieurs fois il avait sauvé le royaume et le roi en personne ; Artus n’avait pas de compagnon plus cher. Mais la honte de cet adultère, mais la vilenie de tromper un roi loyal et confiant, Lancelot ni la reine n’y pensaient jamais.