Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/59

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périlleuse et plus longue que vous ne pensez ! Je leur ai donné richesse et honneurs, je les ai aimés et les aime comme s’ils étaient mes fils ou mes frères : comment pourrais-je donc supporter leur départ ?

À cette pensée les larmes lui viennent aux yeux, la voix lui manque ; puis il soupire :

― Gauvain, Gauvain, vous m’avez mis au cœur, pour toujours, les grandes douleurs.

― Oh ! Sire, s’écrie Lancelot, pour Dieu ne parlez pas ainsi ! Un homme tel que vous ne doit avoir au cœur qu’énergie et bonne espérance. Et si nous mourons tous en cette Quête, du moins ce sera une mort glorieuse.

― Oui, Lancelot, mais c’est mon grand amour pour vous qui m’inspire cette plainte. Jamais roi chrétien n’eut autant de bons chevaliers en sa maison ; jamais plus je ne vous aurai autour de moi réunis comme vous êtes, et c’est ce qui me désespère !