Page:La Révolution française et l'abolition de l'esclavage, t1.djvu/54

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Dune main vigoureuſe il a briſé ſa chaîne ;
Déjà loin de nos yeux il fuyoit dans la plaine :
Eſt-il donc ſi coupable ? Offenſe t-on les Cieux,
Quand on fait recouvrer un bien qui nous vient d’eux
Eh quoi ! lorſqu’elle échappe à la ſerre cruelle,
La timide perdrix paroîtra criminelle ?
L’agneau ne pourra fuir dans un bois retiré
Le loup, ivre de ſang, & de ſang altéré ?
Tu n’es point né barbare, & ton ame ſenſible,
Aux cris de l’indigent n’eſt point inacceſſible ;
Ta main ſous la chaumière, où gémit ſa vertu,
Va lui porter ſans faſte un ſecours imprévu.
Je te vois t’élancer du ſein de ta Patrie,
Affronter les Tyrans & les mers en furie,
Dans Tunis, dans Alger épuiſer tes tréſors,
Pour ſauver des Chrétiens, eſclaves ſur ces bords,
Citoyen bienfaiſant, & Colon tyrannique,
Equitable en Europe, injuſte en Amérique,
Outrageant la nature aux rives du Niger,
Mais aux pieds de l’Atlas, tout prêt à la venger,
On te craint en Guinée, en ces lieux on t’adore
L’Européen te loue, & le Nègre t’abhorre ;
Ton exemple aux forfaits ſaura trop l’enhardir,
Il apprendra de toi comme il faut te punir.
Le Nègre n’eſt point tel que l’ont peint tes ca
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