Page:La Révolution française et l'abolition de l'esclavage, t1.djvu/55

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Il auroit eu nos arts, s’il avoit eu nos vices ;
Auſſi brave que nous, mais moins induſtrieux,
Le fer a manqué ſeul à fon bras généreux
Son bien fut la fanté, ſon code la nature ;
Il vécut ſans befoins, il mourut ſans murmure ;
Adorant ſa compagne, & par elle adoré,
Heureux d’ignorer tout, heureux d’être ignoré :
Son ame par degrés ſe ſeroit agrandie,
Si ton joug odieux ne l’eût pas avilie.
Tremble, tremble qu’un jour dans ſon cœur abattu
Il ne trouve encor un reſte de vertu.
En vain dans tes cachots ta crainte le renferme,
L’excès du deſpotifme en préſage le terme.
L’homme naît citoyen, & maître de ſon choix,
Sa fière volonté ne dépend que des lois.
Où l’on reçoit des fers il n’eſt plus de Patrie :
L’honneur ne deſcend point dans une ame flétrie.
Rois, craignez un mortel fous le îoug avili,
L’Etat eſt à ſes yeux ſon premier ennemi.

O toi ! jeune Louis, dont la paiſible aurore
Promet des jours ſereins au François qui t’adore,
Tu dois un grand exemple à cent Peuples divers.
Fais reſpecter nos lois dans un autre Univers :
Leur ſublime équité n’admet point d’eſclavage.
Briſe, briſe les fers du Nègre & du Sauvage ;