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= LE SURREALISME ET LA PEINTURE = 29

explicable qui traîne et c’est autant qu’emporte le vent d’une chanson d’émigrant, si vous voulez. » Il faut ne se faire aucune idée de la prédestination exceptionnelle de Picasso pour oser craindre ou espérer de lui un renoncement partiel. Que, pour décourager d’insupportables suiveurs ou arracher un soupir de soulagement à la bête réactionnaire, il fasse mine de temps

ÉCOLIÈRE Picasso 1920

à autre d’adorer ce qu’il a brûlé, rien ne nie me semble plus divertissant, ni plus juste. Du laboratoire à ciel ouvert continueront à s’échapper à la nuit tombante des êtres divinement insolites, danseurs entraînant avec eux des lambeaux de cheminées de marbre, tables adorablement chargées, auprès desquelles les vôtres sont des tables tournantes, et tout ce qui reste suspendu au journal immémorial « LE JOUR... » On a dit qu’il ne saurait y avoir de peinture surréaliste. Peinture, littérature, qu’est-ce là, ô Picasso, vous qui avez porté à son suprême degré l’esprit, non plus de contradiction, mais d’évasion ! Vous avez laissé pendre de chacun de vos tableaux une échelle de corde, voire une échelle faite avec les draps de votre lit, et il est probable que, vous comme nous, nous ne cherchons qu’à descendre, à monter de notre sommeil. Et ils viennent nous parler de la peinture, ils viennent nous faire souvenir de cet expédient lamentable qu’est la peinture ! Enfants nous avions des jouets qui aujourd’hui nous feraient pleurer de pitié et de rage. Plus tard, qui sait, nous reverrons comme ceux de