Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la résistance. Cependant notre bataillon d’avant-garde marchait toujours, sans s’apercevoir ou sans tenir compte de la distance que les haltes continuelles des autres corps mettaient entre eux et lui. Les clairons avaient beau sonner : il se trouvait déjà trop loin pour les entendre. Le laisser s’isoler de la sorte n’était pas prudent ; il fallait nécessairement envoyer un exprès pour le rappeler. Le lieutenant-colonel Juvencio s’y offrit, et partit à l’instant même avec ses deux aides de camp et Gabriel Francisco, le gendre du guide, qui voulut se joindre à nous. Heureusement nous avions d’assez bonnes montures, étant de celles qui avaient résisté à l’épizootie ; elles nous tirèrent d’un bas-fond dangereux que, pour faire plus de diligence, nous n’avions pas eu le soin de tourner. Bientôt nous y perdîmes de vue le corps d’armée que nous quittions, et nous n’apercevions pas encore devant nous nos gens déjà engagés, à ce qu’il semblait, car nous commencions à entendre des décharges et des coups isolés de tirailleurs. Nous voyions bien parfois flotter dans l’air le drapeau brésilien, mais des buissons élevés nous le cachaient souvent, et il semblait d’ailleurs ne