Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/114

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une solide palissade de bois, fut occupé ainsi que la bourgade par un gros détachement ; et la ligne de tirailleurs du 20e bataillon, reformée sur notre gauche, se mit en mouvement pour aller attaquer les Paraguéens qui avaient fait halte. On vit alors qu’ils avaient arboré quelque chose de blanc, mais nous ne tardâmes pas à nous apercevoir qu’ils s’éloignaient lentement, et que leur dessein était sans doute de nous attirer vers quelques bois, où ils nous auraient fait payer notre excès de confiance en leur loyauté. Nous sûmes depuis que tel était en effet leur dessein ; ils croyaient avoir besoin de faire quelques victimes pour colorer une retraite trop précipitée et qui ne pouvait manquer d’attirer sur eux la colère de leurs chefs, quelques ordres qu’ils eussent reçus d’ailleurs.

Ainsi se passa la journée du 21 avril ; les deux suivantes furent données au repos et au conseil. Le corps d’armée avait tout entier passé la frontière et était allé camper au sud de la forteresse, y appuyant son aile droite, avec sa gauche au bois de la rivière. Il y avait dans le camp abondance de vivres frais. Nous en avions le plus grand besoin, et notre monde put jouir