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Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/120

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Mais le manque de bétail rendait déjà le poste même de Bella Vista intenable ; il commençait à y avoir insuffisance dans les distributions de vivres. Il fallait sans plus tarder prendre un parti : ou marcher en avant avec l’espoir de battre l’ennemi, qui ne pouvait être très nombreux devant nous, la guerre au sud de la République ayant dû y appeler la majeure partie de ses forces (et alors, après une action heureuse, nos détachements auraient plus de prise sur les troupeaux errants dans la campagne) ; ou bien rétrograder vers des districts de la frontière moins dépourvus de ressources. Cette alternative, cette option à faire, enleva tout repos à notre commandant : ses agitations d’esprit devinrent visiblement violentes. Il se mit de nouveau à se figurer la calomnie à l’œuvre contre lui dans toute la province de Matto Grosso, et surtout dans la capitale. Se parlant à lui-même avec des exclamations qu’il cherchait inutilement à étouffer : « On me déchire partout, disait-il, on fait sonner bien haut que nous n’avons pas encore eu de rencontre sérieuse avec l’ennemi, et l’on présage que nous n’en aurons jamais. »