Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/125

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En rase campagne et sans abri, ces corps, toujours alternés avec nos canons, devaient s’établir en carré autour de notre matériel ; en tout cas, il devait être donné avis aux commandants, par des aides de camp ou des exprès, de la formation adoptée selon les circonstances.

1er mai. — Après une nuit paisible, la marche fut reprise et continuée sans incident jusqu’à la ferme de Laguna, la localité désignée par nos réfugiés du Paraguay. Il n’y restait en ce moment qu’une seule hutte de paille, que l’ennemi, en se retirant, avait négligé de brûler. À notre arrivée, nous vîmes un de nos soldats se diriger vers nous, tenant à la main un papier qu’il avait trouvé fixé avec une épine sur le tronc d’un macaoubier : c’était une variante de la première menace en vers adressée au commandant : « Malheureux est le général qui vient ici chercher son tombeau, car le lion du Paraguay rugira, fier et sanguinaire, contre tout envahisseur. »

Ce plateau, qui domine une vaste étendue de pays, invitait le colonel à y camper ; mais cette fois encore les réfugiés firent prévaloir leur avis, qui consistait à se porter sans retard jusqu’au