Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/137

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vivres, les rapports des réfugiés avaient pu, avec quelque apparence, nous faire illusion sur les ressources du pays, mais l’insuffisance des munitions, dès l’entrée en campagne, était en tout cas un grief sans justification possible, tout devant être d’avance soumis au calcul par ceux qui ont l’autorité, même l’enthousiasme, aussi bien que la passion de la gloire et l’amour du pays.

Quand le soleil se leva le lendemain 8 (c’était un jour des plus sereins), nous étions déjà en ordre de marche, les mules chargées, les bœufs de trait sous le joug, et ce qui nous restait de bétail appuyé au flanc de nos bataillons, de manière à suivre tous les mouvements de la colonne.

À sept heures du matin, le corps de chasseurs démontés, qui faisait son jour d’avant-garde, ouvrit la marche, ayant à sa suite les bagages et les charrois, qui ne furent pas de peu d’embarras au passage d’un ruisseau grossi par les pluies des jours précédents. Une de nos pièces, étant tombée dans l’eau, n’en put être retirée qu’avec une grande dépense de temps et de travail. À cette occasion, les saillies d’anxiété impatiente du colonel Camisão menacèrent de