Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La marche en avant lui avait semblé être un engagement, qui, une fois pris sous l’invocation du patriotisme et de l’humanité, était définitif, dût-il nous coûter la vie à tous ! Maintenant qu’on parlait de pénétrer de nouveau dans le Paraguay, il était devenu tout enthousiasme et tout expansion ; du commandant, qui se renfermait dans le silence, il allait aux officiers, et de ceux-ci aux soldats, affirmant qu’il se chargeait de ravitailler le corps d’armée. Qu’on voulût bien s’en fier à son expérience, et il nous conduirait, par une voie à lui seul connue, en lieu sûr où nous l’attendrions. On se trompait si l’on croyait qu’il eût absolument épuisé sa ferme. Il avait encore ses réserves, il sacrifierait tout… Il avait déjà tout sacrifié. Nous admirions sa grande âme ; mais ses illusions étaient évidentes, et ses exagérations, se détruisant d’elles-mêmes, contribuaient à nous ouvrir les yeux sur la vérité.

S’il eût pu nous rester quelques doutes, notre impuissance absolue de rien tenter nous aurait été démontrée par les nouvelles que nous apporta alors un de nos officiers, Victor Baptiste, qui venait de la colonie de Miranda