Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Toute sa cavalerie, partagée en deux colonnes profondes, s’élança, venant raser les faces latérales de nos carrés, convergeant sur notre arrière-garde pour l’écraser. Cette manœuvre aurait pu entraîner notre perte ; mais elle échoua grâce surtout à notre infanterie, qui, placée comme elle l’était, eut l’ennemi durant quelques minutes sous ses feux croisés et lui fit tomber beaucoup de monde. Ces trouées amortirent l’élan de ses masses, que d’ailleurs les blessés et les morts encombraient.

L’arme blanche ne l’épargna pas plus que les balles et la mitraille. On vit des cavaliers s’enferrer sur nos baïonnettes et y périr achevés par le sabre. Le 21e bataillon se distingua dans cette lutte acharnée, qui donna le temps à notre arrière-garde de se consolider contre le choc qui la menaçait.

La violence n’en fut pas telle qu’on l’avait attendu ; car les ennemis ayant imaginé qu’ils nous trouveraient à demi ébranlés, mais sentant au contraire notre cohésion à la vigueur de la résistance, se laissèrent dévier de leur attaque, et finirent par borner leur effort à envelopper nos animaux, qui couraient effarouchés dans la