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Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/167

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de bataille, et surtout dans ces immenses solitudes où le génie du mal lui-même semble avoir appelé et réuni péniblement quelques milliers d’hommes pour s’entre-tuer, comme si la terre leur manquait pour y vivre en paix des fruits de leur travail !

Les ennemis laissaient sur le terrain plus d’une centaine de morts, au nombre desquels on trouva un capitaine et un autre officier dont le grade, faute d’insignes, ne put être reconnu. Il est rare qu’on voie un aussi grand nombre de cadavres paraguéens sur le lieu d’un combat : les survivants en enlèvent autant qu’ils le peuvent, et même quelques-uns d’entre eux ont le soin de s’attacher par le milieu du corps à l’un des bouts du lasso qu’ils portent toujours avec eux, et d’en fixer solidement l’autre extrémité à l’arçon de la selle, afin que s’ils tombent morts ou gravement blessés, leur cheval, suivant les autres au retour, les ramène chez eux, fût-ce en lambeaux ; précaution farouche, mais qui a sa grandeur.

Nous eûmes de notre côté beaucoup de tués, tous du bataillon d’avant-garde ou des tirailleurs qui le précédaient ; le lieutenant Pales-