Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

endroits, et cherchait à nous démontrer qu’ils ne réussiraient pas de cette fois à nous couper le passage. Grâce à lui, nous conservions notre avance sur eux ; mais nous étions sur le point de la perdre.

Au moment où le soleil descendant à l’horizon rendait la marche moins pénible, le commandant de l’artillerie fit prévenir le colonel que les bêtes attelées aux pièces étaient à bout de forces, quelques-unes même déjà couchées par terre. Ni elles ni le petit reste de troupeau que nous conservions encore n’avaient eu rien à boire ni à manger depuis le soir du 10 ; il était de toute nécessité de s’arrêter.

On s’arrêta ; il n’y avait pas d’autre parti à prendre. Le corps d’armée fut établi sur un petit tertre en partie boisé, et à l’extrémité duquel il y avait une source ; mais à peine y étions-nous installés que les bouffées du vent du sud, qui se mit à souffler assez vivement, commencèrent à nous apporter de loin la chaleur des feux qui s’avançaient derrière nous dans la plaine. Lopès, cependant, avait déjà mis à l’œuvre tout le monde qu’il avait sous la main, ordonnant de couper en toute hâte les herbes qui nous entou-