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Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/189

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jectiles accéléraient la marche de ces odieux adversaires.

Toutefois l’épreuve que nous venions de subir dans cette prairie, convertie en fournaise, était de celles qui exercent sur l’homme une action physique irrésistible. L’énorme élévation de température subitement produite suffirait seule à expliquer l’accablement dans lequel on tomba et l’affaissement moral qui en fut la suite.

Nous ne savions d’ailleurs comment il serait possible d’avancer. Les attelages de nos canons étaient rendus, et, plus encore que les mules, les bœufs incapables de faire un pas. Pourtant il y avait plus que de l’urgence à ne pas perdre un instant pour reprendre notre marche. Entre une infinité d’autres raisons, il ne fallait pas laisser le temps à l’ennemi, qui nous précédait maintenant, de fortifier quelque point devant nous, et d’y rendre le passage impossible. On sait combien les Paraguéens ont d’aptitude à remuer la terre, à creuser des fossés, à élever des redoutes : ils en tiennent la tradition de leurs instituteurs, les Pères de la Compagnie de Jésus, qui cultivaient tous les arts, surtout l’architecture et le génie militaire.