Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/203

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précédé cette fois par les Paraguéens eux-mêmes. Ils avaient pensé qu’une attaque vigoureuse ferait obstacle à la manœuvre par laquelle nous nous étions jusqu’alors défendus contre le feu. Leur infanterie avait filé le long d’un marais auquel s’appuyait notre bataillon no 21. Ayant à dos la fumée qui nous donnait en pleine figure avec le vent qui régnait, ils se jetèrent sur le flanc de notre avant-garde. Si elle eût faibli dans la première surprise et cédé, probablement nous aurions été tous dévorés par les flammes ; mais, loin de reculer, elle rejeta les ennemis par un effort désespéré, une partie dans les marais, une autre sur leur terrible auxiliaire, le feu, qui accourait rapidement. Leurs pertes durent être grandes ; du moins le capitaine Pisaflores vit par les trouées du vent, dans ce chaos de vapeurs et de flammes, des cavaliers entraînant à la course des cadavres et des blessés. Quant à notre avant-garde, elle se replia, après nous avoir donné par son dévouement le temps de couper l’herbe et de la transporter à distance ; mais alors, au milieu de nous, ces hommes exténués que nous pouvions appeler nos sauveurs, tom-