Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/202

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vie primitive ne pouvait pas ne pas être remarqué : il nous jeta dans un grand péril.

Lorsque le vieillard eut connaissance de nos doutes sur sa capacité de direction, il en ressentit une peine amère et qu’il ne put cacher : « Si ce n’eût été le trouble de ce retard, murmurait-il, le chemin nous guidait de lui-même : dans la recherche sur le terrain, il ne faut jamais s’arrêter. »

Il ne permit pas qu’on suivît l’indication donnée par son fils : c’eût été à ses yeux une infraction aux lois de la nature, au droit patriarcal. Le soir, qui heureusement était proche, nous interdit de poursuivre plus longtemps encore une marche évidemment incertaine.

Au reste, à peine campés, nous trouvâmes que la journée n’était pas finie pour nous, et qu’une grande épreuve nous attendait encore. Les longues flaques d’eau dont nous avons dit que cette plaine est coupée, avaient empêché la macéga de brûler autrement que par parcelles ; il en restait debout des surfaces considérables, principalement autour du point où nous étions arrivés. Le feu, qui venait d’être mis, nous aveuglait déjà et s’approchait, mais