Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/209

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contrait des souches et des bois morts encore debout que la hache avait peine à entamer ; en même temps, nous étions toujours pressés par la cavalerie paraguéenne, en tête, sur les flancs et à l’arrière-garde.

Le commandant était à bout de patience ; il accusait le guide, rejetant sur lui la responsabilité de tous les retards ; mais comme ses reproches étaient écoutés dans un silence respectueux, il finissait par se calmer : sa bonté naturelle reprenait le dessus, et, du ton conciliant de l’homme qui souffre un malheur partagé : « Ne nous fâchons pas, disait-il ; nous expions nos fautes. »

Tout ce jour-là, nous ne cessâmes d’errer à l’aventure : Lopès avait perdu toute initiative aussi bien que toute connaissance du terrain. Sans dire un mot, son fils laissait percer une inquiétude croissante. La fatigue des bœufs qui traînaient notre artillerie devint telle qu’ils se refusèrent à aller plus loin, se couchant par terre. Nous fîmes forcément halte au milieu d’un petit bois où nous ne trouvâmes qu’une eau insuffisante et mauvaise.

Les Paraguéens ne manquèrent pas de venir