Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/210

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le soir camper à peu de distance de nous, et le bataillon no 21, qui formait encore notre avant-garde, eut dès ce moment à soutenir contre eux un feu de tirailleurs. Leurs chiens (ils sont toujours accompagnés d’une multitude de ces animaux) hurlèrent horriblement toute la nuit, les nôtres ne pouvant qu’à peine leur répondre, misérable reste de meute péniblement disputé à la faim des soldats.

Le 18, une pluie abondante commença avec le jour, et ayant percé sur-le-champ nos minces vêtements, nous disposa tristement pour une marche qui fut encore plus lente que toutes celles des précédentes journées. L’eau ne tombait pas toujours avec la même force, mais il y avait, de temps à autre, des averses qui eurent bientôt détrempé le terrain, de sorte que les chariots étaient pris et retenus à chaque instant dans les ornières qu’ils ouvraient. C’était un spectacle digne de pitié que le groupe des infortunés malades qu’il fallait poser à terre sous la pluie battante et au milieu des ruisseaux rapides qu’elle formait.

Nous eûmes bientôt à traverser un marécage d’une grande étendue, et, pendant notre longue