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Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/219

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buer ? Soit la viande corrompue dont nous étions obligés de nous soutenir, soit la faim soufferte quand le dégoût l’emportait sur le besoin, soit encore l’ardeur insupportable des incendies qui nous brûlaient le sang, ou l’empoisonnement par toutes les substances végétales qu’on dévorait : jeunes tiges, fruits verts et putréfiés, ou surtout, enfin, l’insalubrité de l’air que viciait l’eau stagnante des étangs et des marais qui couvrent le pays.

Quelques-uns supposaient que le mal pouvait avoir été apporté par les ennemis eux-mêmes. Les Paraguéens ont pu en souffrir sans doute, bien que n’ayant jamais été soumis aux mêmes privations que nous, car ils reçurent des renforts de leur armée du Sud, qui était décimée par le fléau. Une raison qui pouvait nous faire croire que le choléra sévissait aussi dans leurs lignes, c’était, vers la fin, la mollesse de leurs attaques, quoiqu’elles fussent toujours fréquentes. Néanmoins le numéro du Semanario de l’Assomption, qui est annexé à notre récit, ne fait, comme on le verra, nulle mention de la présence de l’épidémie parmi eux.

Il tomba le soir une pluie abondante qui