Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/229

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la nuit, il arriva des traînards, des conducteurs de chariots qui s’étaient fourvoyés, même des cholériques qui avaient pu se remettre sur pied, après avoir été précipités des litières.

Il se produisit pourtant une scène sur laquelle l’esprit aime à se reposer. Parmi les litières où étaient couchés les soldats, il y en eut une que la chute de l’un des porteurs allait noyer dans le marais, les trois autres se prêtant peut-être à ce hasard qui les délivrait de leur fardeau, quand un quatrième appui, l’épaule d’un officier, se présenta pour sauver le malheureux qui allait périr. Le sous-lieutenant Climaco dos Santos Soïza, l’auteur de cet acte charitable, en fut récompensé par les sympathies de tous.

Nous étions établis sur un terrain moins fangeux, mais nous y fûmes assez longtemps sans que l’on pût faire prendre le feu aux branches ruisselantes de pluie qu’on apportait : heureusement c’était du bois résineux. De quelles joies furent saluées les premières flammes ! Une place à ces foyers devenait un objet de convoitise ; presque tous finirent pourtant par s’y caser, sains et malades, pêle-mêle : deux cholériques