Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cent hommes pour aller, à un quart de lieue sur le bord de la Prata, ouvrir un sentier dans un endroit indiqué par Lopès. Cet ouvrage, qui fut rapidement exécuté, fournit aux travailleurs l’occasion de découvrir dans les bois des choux palmistes à profusion : ressource inattendue qui, le sol étant aussi plus sec, détermina le commandant à faire halte. La marche ne put cependant recommencer avant cinq heures du soir ; et ce que fut ce déplacement ne peut être exprimé que par le mot de désolation. Les Paraguéens, tout près en observation, nous assaillaient de huées et de coups de fusil, que nous rendions de notre mieux ; mais le plus pénible, ce fut, en traversant une grande mare, le bain glacé où nous plongions jusqu’à la ceinture. On n’y garda plus de rangs : on ne se voyait même pas. À une obscurité épaisse qui était survenue, la nuit succéda sans intervalle, une de ces nuits qui sont destinées aux désastres et aux crimes : plus d’un malade fut noyé par ses porteurs.

À huit heures, le gros de la colonne avait passé et pris son bivouac ; à dix, l’arrière-garde vint occuper son poste. Jusque bien avant dans