Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/246

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un moment. Il laissait à peine entendre quelques gémissements sourds dans des souffrances dont l’excès faisait crier et bondir ses compagnons de douleur.

La nuit se passa pour tout le monde dans une agitation extrême. Les plaintes répondaient aux plaintes ; aux tortures de la maladie s’ajoutaient les défaillances de la faim.

Dans la matinée du 27, les ennemis s’approchèrent encore de nous, faisant mine de nous disputer le passage du ruisseau auquel le réduit donne son nom ; mais ils se continrent devant l’attitude du bataillon de volontaires no 19, formant notre arrière-garde, et notre marche commença comme celle de la veille. Le colonel Camisão, déjà sans voix, était porté sur un affût, Lopès sur un autre, le colonel Juvencio en hamac, ainsi que plusieurs autres officiers et sous-officiers. Il en était mort trois à la halte.

À une demi-lieue du réduit, nous atteignîmes enfin le bord de la rivière de Miranda, mais trop abattus et trop souffrants pour éprouver la joie que nous nous étions promise. Sur la rive opposée, on voyait la maison du guide, le toit hospitalier où le voyageur trouvait autrefois