Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/26

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sence a fait la meilleure condition des faciles succès de la Prusse, dans la campagne de 1870. Si nos troupes avaient conservé cet inébranlable esprit de discipline que nous admirons dans les héros brésiliens ; si nos villages et nos villes, au lieu de se livrer au premier uhlan venu, pour sauver leurs richesses, avaient su, comme ce brave Lopès, sacrifier tout, leurs maisons, leurs familles et leur vie pour repousser l’envahisseur, notre histoire ne serait point souillée par des humiliations que nos pères n’avaient pas connues. Ah ! quelle grande et noble figure que celle de ce Lopès, simple comme les antiques patriarches, et riche comme eux en terres et en troupeaux innombrables ; ravitaillant la petite armée qu’il soutient par ses encouragements, et qu’il guide avec son intelligence de vieil Indien dans ces bois, ces marais et ces solitudes sans chemin ; sachant prévoir à temps ces vagues de feu qui vont cerner ses compagnons, et leur inspirer le moyen et la force de se protéger, par un travail rapide, contre le terrible incendie qui transforme tout à coup la plaine verdoyante en un vaste océan de flammes ! Quelle scène touchante que la rencontre de cet intrépide vieillard