Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et de son digne fils aîné qui, échappé des mains des ennemis, accourt à lui, et, après avoir baisé respectueusement la main paternelle, s’incline pour recevoir la bénédiction que le patriarche, pâle d’émotion, mais silencieux, lui donne par signe, sans descendre de cheval ! Avec quelle fermeté chrétienne il supporte bientôt après la mort de ce fils chéri, et avec quelle sereine et sublime résignation il expire lui-même, au moment où il allait faire entrer dans ses anciens domaines la petite colonne épuisée par la fatigue, la faim et la maladie !

Par un effet merveilleux, que nous n’avions encore vu consigné nulle part, les oranges, qui abondaient dans la propriété de Lopès, arrêtent les ravages du choléra ; et les survivants de cette troupe de braves, reprenant quelque vigueur, mettent le comble à leurs prodiges d’audace et de bravoure en passant, suspendus à un câble, un cours d’eau profond. Ils réussissent, après des difficultés inouïes, à sauver, par la même voie, leurs canons que rien n’a pu leur faire abandonner à l’ennemi. En six semaines, sur seize cents soldats qui formaient l’effectif de la colonne à son entrée sur le territoire ennemi,