Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/270

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Le 1er juin, dans l’après-midi, nous étions tous enfin réunis autour de la maison de Lopès, dans son verger dépouillé par nous de ses fruits, et bientôt, sans avoir pris autrement ni repos ni nourriture, nous étions déjà en marche, quand l’ennemi, qui avait passé sur la rive droite, lança ses tirailleurs contre notre arrière-garde. Le brave Pisaflores la commandait, et il eut bientôt, avec sa vigueur accoutumée, repoussé cette nouvelle attaque ; le seul inconvénient qui en résulta fut de nous faire faire halte, et de nous retenir jusqu’à la tombée de la nuit, qui vient de bonne heure en cette saison. Quoiqu’il n’y eût pas eu de contre-ordre, et que la marche eût été seulement interrompue, ce ne fut pas sans une sorte d’étonnement qu’on entendit les clairons, la retraite étant sonnée comme à l’ordinaire, donner le signal du départ immédiat ; l’impression fut d’autant plus vive et pénible que l’obscurité devenait plus profonde et qu’une tempête s’annonçait plus prochaine et plus violente. Chacun cependant pensa aussitôt à l’urgente nécessité de franchir, quoi qu’il en pût coûter, l’espace qui nous séparait du bourg de Nioac, dont le